L’Ayurveda en France

Depuis quelques années nous assistons à une popularisation de l’Ayurveda et une augmentation des centres spécialisés en France. Ces mêmes interrogations reviennent souvent: l’ayurveda en France est-elle bien légitime ? Une vrai cure ayurvédique n’est-elle pas plus authentique et efficace en Inde ?

L’ayurveda est un terme issu du sanskrit et signifiant « Science de la vie ». Elle puise ses sources dans les Véda, ensemble de textes sacrés de l’Inde antique et repose essentiellement sur l’observation de la nature et de ses variations.  Elle comporte une approche holistique de la médecine et donne des indications précieuses sur l’utilisation thérapeutique des plantes, de la nourriture, du yoga, des mantras, de l’astrologie … .

Elle se base sur la théorie des 5 éléments: L’Ether, l’Air, le Feu, L’Eau, la Terre. Ces éléments forment le cosmos, la terre et chaque individu. Chez l’être humain, ils se concentrent en proportions différentes selon l’individu, dans ce que l’on peut appeler des « forces subtiles » ou Doshas.

La théorie des 5 éléments étaient également d’usage dans les cultures grecques, japonaises, celtes et chinoises ( même si pour ces derniers le nom de deux éléments diffèrent ) et l’a probablement été dans d’autres cultures. D’après l’histoire il est fort possible que l’Inde soit la terre d’origine de cette théorie et que ses principes se soit diffusés en Asie puis sur les autres continents. Si l’ayurveda est la médecine traditionnelle indienne, les éléments n’appartiennent pas à une culture, ils sont. Les indiens ont su préserver leur médecine traditionnelle, conserver les textes dédiés et diffuser généreusement cette science au delà des frontières.

Combien d’années sont nécessaires afin de devenir médecin ayurvédique et consultant en ayurveda ?Aujourd’hui en Inde, 6 ou 7 années d’étude au minimum sont nécessaires pour devenir médecin ayurvédique diplômé.

En France la médecine ayurvédique n’est pas une médecine officielle et il n’existe pas de diplôme d’état. Cependant elle reste reconnue par l’OMS et il existe des centres d’études sérieux proposant des *cursus professionnels complets.

Un consultant en ayurveda est capable de prodiguer des conseils en hygiène de vie à un individu et proposer des traitements externes et internes adaptés. On estime souvent qu’un minimum de 3 ans d’étude est nécessaire pour devenir Consultant en ayurveda mais en pratique, plusieurs années d’expérience sont nécessaires afin de valider ses connaissances et faire preuve de discernement sur le terrain. Le nombre d’années nécessaires dépend en réalité du praticien, de ses facultés de discernement et de la richesse de ses expériences.

En effet, les textes anciens écrits durant l’ère védique jusqu’au début de l’ère Bhramanique, ont ensuite traversés les âges avant d’être traduits. Comme tous textes anciens, sans vouloir contredire ou renier leur dimension sacrée, nous ne pouvons nous appuyer sur leurs écrits sans faire preuve de discernement dans la mesure où ils proviennent d’ une époque lointaine où la société, le climat et l’hygiène de vie étaient bien différents de la période dans laquelle nous vivons aujourd’hui. Si fondamentalement les principes ne changent pas, les traitements, les procédures d’applications et l’analyse de nouveaux types de déséquilibres doivent être étudiées et / ou réévaluez.

Les remèdes suggérés dans les textes comprennent des plantes locales indiennes mais l’ayurveda nous enseigne avant tout de nous adapter à notre environnement. Chaque pays nous offre ses propres plantes médecine, la France ne fait pas exception et il est important en tant que praticien en ayurveda de connaitre et utiliser au possible nos ressources locales auxquelles nos organismes sont habitués. Pour autant, les traitements ayurvédiques font toujours leur preuve et il n’est pas question ici de les sous-estimer.

Depuis 10 ans, des séjours annuels au *Kérala afin d’expérimenter personnellement des cures ayurvédiques et d’ organiser des séjours pour mes *clients et élèves, ont, au delà de l’aventure humaine, enrichi considérablement mes connaissances, cependant des constats m’ont amené à organiser notre dernier beau voyage en 2024:

  • Le voyage est très long jusqu’en Inde, de France 14h de vol minimum + le temps d’attente à l’aéroport + le taxi parfois très long de l’aéroport à la clinique. Une semaine complète est parfois nécessaire pour s’habituer au décalage horaire et s’acclimater.
  • Dans le kérala, le climat chaud et humide peut accentuer les problèmes de personnes présentant des déséquilibres Pitta / Kapha. Ce climat en revanche convient souvent aux déséquilibres Vata dans le cas de séjours prolongés ( plus de 3 semaines ), autrement le voyage, le décalage horaire et le changement du régime alimentaire l’aggrave dans un premier temps. Un exemple typique: des personnes présentant un déséquilibre Kapha avec rétention d’eau ( oedèmes et troubles circulatoires ), voient leurs troubles augmentés sur place du fait du long voyage en avion et du climat chaud et humide. Une semaine est souvent nécessaire pour traiter ce problème.
  • On ne peut l’ignorer, l’air, la terre et les nappes phréatiques en Inde sont particulièrement pollués. Il n’est plus rare de constater des soucis d’ordre respiratoire ou infectieux chez des individus pourtant en bonne santé avant leur arrivée en clinique. De nombreux médecins ayurvédiques s’ entendent sur le fait que le système immunitaire s’affaiblit aux premières étapes du Panchakarma mais force est de constater que durant les cures en France je n’ai jamais fait état de ce type de pathologies. De plus, les produits de consommations ( légumes, céréales et épices ) ne proviennent pas en principe de productions biologiques, existantes mais très rares en Inde. De nombreux pesticides non autorisés au sein de l’union européenne sont utilisés sur place et peuvent être la source de problèmes majeurs sur le long terme.              La pollution sonore également peut être une source de désagrément selon l’emplacement du centre ayurvédique mais il existe des structures situées en pleine nature et offrant un silence total. Si cet élément est important pour vous il est nécessaire de se renseigner au préalable.
  • Enfin, si sortir de sa zone de confort peut être bénéfique d’un point de vue évolutif général, il reste nécessaire dans le cadre d’une cure ayurvédique où l’état physique et émotionnel peut-être chamboulé et où un bon sommeil est important. Celui-ci peut être perturbé en Inde de part le décalage horaire et le déséquilibre du dosha vata que le voyage entraine, accentué par la literie, la plupart du temps très ferme voir très dure dans les cliniques ayurvédiques indiennes. Pour les personnes appréciant ce type de confort, cet élément est bien sûr un point plutôt encourageant.

Il me semble important de préciser qu’ un grand nombre de personnes se rendent en Inde chaque année afin de vivre une cure ayurvédique et constatent une amélioration de leur état de santé depuis leur séjour. Si des milliers de personnes renouvellent l’expérience chaque année, elles en tirent probablement un bénéfice conséquent. Cet article n’a pas pour vocation de sous estimer le savoir et les connaissances des enseignants et médecins indiens grâce auxquels les enseignements ont été diffusés. Il est question ici du contexte géographique, climatique et environnemental actuel.

Si vous êtes intéressés par l’ayurveda ou étudiant, je vous invite vivement à visiter l’Inde et à y expérimenter une cure ayurvédique. Ceci afin de bénéficier des connaissances de médecins diplômés sur place, de profiter du dépaysement, de l’accueil très souvent bienveillant et de vous faire votre propre avis.

Concernant le sujet de la pollution, la France n’en est pas exemptée, cependant, nous bénéficions toujours de zones où l’air est particulièrement sain et nous avons la chance de trouver à ce jour de plus en plus de producteurs proposant des cultures respectueuses de l’environnement. Il convient de noter que la plupart des centres ayurvédiques en France proposent une alimentation bio et locale. J’insiste sur se sujet car l’alimentation est la base d’une bonne santé et de bénéfices optimums lors d’une thérapie.

Enfin, si les centres d’ayurveda en France ne disposent souvent pas de médecins ayurvédiques à proprement parlé, c’est à dire diplômé car il n’existe pas de diplôme d’état ( partir en Inde durant 6 ou 7 ans peut-être compliqué ), il n’en reste pas moins que les praticiens sérieux ont souvent plusieurs années d’étude et d’expérience derrière eux avec l’avantage d’une approche adaptée à l’environnement climatique et socio-culturel.

Si les mots ont leur valeur, rien ne vaut l’expérience pour se faire une opinion. Vous trouverez les coordonnées de cliniques ayurvédiques en Inde dans la rubrique Partenaires de ce site et en enquêtant sur votre moteur de recherche.

Et bien sûr, nous vous accueillons toujours et depuis plus de 10 ans pour des cures ayurvédiques authentiques avec une équipe hautement qualifiée et dans un environnement adapté: nos cures ayurvédiques en France et au Maroc.

Amandine Galtier

* Il est important de noter que les labels ou fédérations d’ayurveda et de massages ayurvédiques ne gagent pas forcément de la qualité des centres d’ayurveda mais prouve que le programme de ces centres entrent dans les grilles officielles d’un cahier des charges établi par l’état ou les fédérations elles-mêmes.

* Le terme client semble définir une démarche commerciale mais en France le mot patient renvoie dans le code de déontologie médicale, à une personne malade, recevant des soins médicaux et usagère d’un système de santé officiel. En  tant que praticien en ayurveda nous ne pouvons pas utiliser ce terme. Dans un centre d’ayurveda, le client (au-delà du fait qu’il paye un thérapeute en échange de son service), n’est heureusement pas au cœur d’une transaction commerciale, mais d’un changement qu’il a décidé d’initier dans sa vie et accompagné d’un professionnel en ayurveda.